Quand votre nez devient un garde du corps anti-microbes

Quand votre nez devient un garde du corps anti-microbes

Chère lectrice, 

Cher lecteur,

Vous le sollicitez en permanence de manière automatique. C’est tellement instinctif, qu’on se rend généralement compte de sa présence lorsqu’il subit un dysfonctionnement. Cet organe indispensable à notre survie, c’est notre nez.

Si nous évoquons souvent pour des problèmes d’odorat ou de respiration, il possède une autre fonction essentielle qui mérite toute notre attention.

Car oui, notre nez joue un rôle majeur dans notre immunité [1]

Il possède d’ailleurs 3 lignes de défenses pour contrer les virus et les bactéries. Il est tout simplement équipé d’un véritable arsenal de combat digne d’un agent 007 pour contrer les microbes et les microparticules toxiques.

Cet agent secret anticontamination qui a du flair

Rien n’est fait au hasard lorsque nous respirons. Bien au contraire, notre nez se transforme en une barrière antivirus quasi-infranchissable dont seules quelques molécules auront un droit de passage. C’est grâce à sa voie nasale, qu’il va pouvoir distinguer l’oxygène des micro-organismes toxiques. Et pour y parvenir, il dispose de tout un dispositif de pointe.

1 Un équipement au poil

Peu esthétiques, ils sont pourtant indispensables pour contrer les microbes : nos poils au nez. Ce sont eux qui assurent la première filtration de l’air que nous respirons. Ils arrêtent les particules les plus grosses, celles visibles à l’œil nu à la lumière du soleil [2]

2 Un attrape microbe

Votre nez dispose de sa propre arme anti-intrus. C’est un peu le gadget que tout garde du corps voudrait avoir : une colle capable de stopper nette ses ennemis. Appelé mucus, il s’agit d’un gel viscoélastique fabriqué par les cellules glandulaires de l’épithélium nasal. Concrètement, le mucus sert à capturer les poussières très fines, microbes et champignons microscopiques présents dans l’air que nous respirons afin de les acheminer vers la gorge. Ces microbes finissent leur course dans l’estomac où ils sont éliminés par les sucs gastriques. En moyenne nous en sécrétons 1 à 2 litres par jour [3]

3 Un combattant qui apprend vite

Le mucus joue un second rôle essentiel : celui de neutraliser les ennemis. Il est ainsi capable de produire en quelques minutes des substances spécifiques qui vont détruire les microbes. Il va d’ailleurs le faire en menant une vraie bataille à base de coups d’interféron de type 1 et 3, d’anticorps (IgA, IgG…) de monocytes et de lymphocytes.

Et notre nez est bien plus redoutable qu’il n’y paraît car il possède une réponse immunitaire acquise. Autrement dit, il va reconnaître un ennemi qui s’est déjà introduit chez lui. Grâce à son système de défense qui regroupe les tissus lymphoïdes situés sous l’épithélium de la muqueuse nasale. Ce sont précisément eux qui fabriquent la réponse immunitaire. Ainsi, au premier contact de l’agent pathogène, il lui faut en moyenne 15 jours pour mettre en place cette réponse immunitaire spécifique. Cependant, lors de la seconde rencontre, il ne lui faudra que quelques heures [4].   

Des probiotiques en spray :
la solution pour ne plus avoir les sinus bouchés ?

Vous entendez beaucoup parler du microbiote intestinal, du microbiote cutané, mais rarement de votre microbiote nasal. Pourtant, il est lui aussi un super allié contre certaines affections telles que les rhinosinusites chroniques ou les allergies [5]

Une étude publiée dans Cell Reports a comparé les bactéries présentes dans le nez de 100 personnes en bonne santé, avec celles de 225 patients souffrant d’inflammations nasales et sinusales chroniques. Parmi les 30 familles de bactéries présentes dans le nez, une a particulièrement attiré l’attention des chercheurs : la Lactobacillus casei. Ces bonnes bactéries se trouvaient en grande quantité chez les sujets sains et beaucoup moins chez les patients étudiés. Elles étaient d’ailleurs 3 fois plus nombreuses dans la fosse antérieure nasale et 10 fois plus dans le nasopharynx. De plus, 40% des personnes malades n’en possédaient pas [5]

Une fois passé sous l’œil du microscope, les scientifiques ont pu constater que les Lactobacillus casei du nez possédaient de minuscules fibres ressemblant à des cheveux. Ce sont ces micro-filaments qui permettent à ces bonnes bactéries de s’arrimer solidement aux muqueuses du nez et d’éviter d’être détruites par le mucus ou un lavage de nez. 

L’investigation ne s’est pas arrêtée là ! Elle a pu mettre en lumière que les Lactobacillus casei étaient capables d’empêcher le développement d’agents pathogènes responsables d’infections pulmonaires. Comme par exemple le staphylocoque doré (Staphylococcus aureus), Haemophilus influenzae ou Moraxella catarrhalis.

Les chercheurs sont allés encore plus loin en élaborant un spray nasal avec des souches de L. casei, qu’ils ont testé sur 20 volontaires sains. Les résultats furent au-delà de toutes leurs attentes : en seulement 2 semaines, à raison de 2 doses par jour, tous les sujets ont vu le nombre de ces bonnes bactéries augmenter sans aucun effet secondaire [5]

Cela paraît anodin, mais  c’est en réalité une fantastique nouvelle car c’est la première fois que le rôle bénéfique des lactobacilles sur les voies respiratoires est démontré.

Cela ouvre ainsi de nouvelles perspectives de traitements des affections respiratoires chroniques à base d’administration de probiotiques spécifiques dans le nez.

Bien à vous,

Eric Müller

Sources:

Sources :

  1. Un véritable prodige polyvalent, le nez, emsr.
  2. Etude numérique et expérimentale de l’écoulement nasal dans des géométries réalistes, Céline Croce, HAL – archives ouvertes
  3. Le Nez et ses Fonctions, Documentation universitaire, Braccini.
  4. Le nez première barrière antivirus, Claudie Verner, Marie-Laurence Grézaud, Dr Good.
  5. Lactobacilli Have a Niche in the Human Nose, Cell Reports

 Crédits :  46design-shutterstock.com

 

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PARIS
2 années il y a

Bonjour Monsieur Muller
Une de mes amies m’a transmis cet article tres interessant pour moi car probleme nasal (infection) dont je n’arrive pas a me debarasser malgre tous les traitements que j’ai eus ayant aussi un syndrome sec de toutes les muqueuses.
Ce spray est-il commercialise ? Sous quel nom ?
Ou le trouver ?
Votre reponse me rendrait bien service.
Espere vous lire en retour.
Cordialement
Eliane P.

Grosbois
2 années il y a

Merci pour ce mail très intéressant! Où peut-on se procurer ce spray? A moins d’ouvrir une gélule contenant ces probiotiques et de la dissoudre dns de l’eau salée à 9g pour 1000?

N. Pont
2 années il y a

Bonjour, article très intéressant! est-ce que ce spray nasal est commercialisé? je n’ai rien trouvé sur le net. Merci et meilleures salutations

Daniele France
2 années il y a

article tres interessant
ou peut on se procurer le spray nasal ???

Albert
2 années il y a

Bonjour Monsieur Eric Müller,
Bravo pour votre article ; il était grand temps que quelqu’un écrive à ce sujet.
Pour montrer à quel point le corps humain est super bien fait , à quel point il possède des systèmes efficaces d’immunité naturelle.
On pourrait se demander pourquoi les médecins « classiques » n’en parlent pas plus à leurs « patients ».
Pourquoi aussi attendre un temps trop important pour étudier les rapports masques/système nasal et le porter à la connaissance du « public » ?
Merci de bien vouloir chercher plus loin à ce sujet dans vos recherches.
Bien à vous

Tomasino
2 années il y a

Bonjour, article intéressant qui demande un approfondissement et des réponses à mes questions ! Quand on éternue très souvent, plusieurs fois par jour en rafales , quand les sinus sont particulièrement infectés, (symptômes sur 2 personnes différentes) quelles sont les traitements que vous proposez? Merci pour vos réponses Y.T.