Souvent, nous avons tendance à croire que pour être fort et en bonne santé il faut bien manger. Autrement dit manger beaucoup. Comme si notre quantité de nourriture ingérée influençait positivement nos défenses immunitaires et notre santé en général.
Cela paraît logique : plus on mange, plus on a des forces pour combattre les attaques extérieures.
Mais en réalité, c’est tout l’inverse.
Un essai clinique récemment publié dans la revue scientifique Science, prouve le contraire. Intitulée CALERIE, c’est la première étude contrôlée sur la restriction calorique menée chez l’homme en bonne santé [1].
Et d’après leur conclusion, manger moins est source de vitalité et aide vos défenses immunitaires à mieux vous défendre.
-14 % d’apports en moins suffisent pour préserver votre immunité
Chez l’animal, la restriction calorique et le jeûne sont reconnus par les scientifiques comme bénéfique à leur santé.
Cela leur permet notamment de vivre plus longtemps, de réduire l’incidence de maladies chroniques comme le cancer. C’est aussi nécessaire à leur survie en cas de pénurie de nourriture ou de conditions climatiques extrêmes.
Chez l’homme, la restriction calorique est souvent mal perçue. Car quand on mange moins que d’habitude, on se dit que ça ne va pas très bien.
Les chercheurs de l’essai clinique CALERIE ont donc voulu savoir si moins manger pouvait être aussi bénéfique que chez les animaux.
Ils ont donc procédé par étapes.
Les scientifiques ont commencé par établir un apport calorique de base parmi plus de 200 participants. Ils ont ensuite demandé à un groupe de réduire leur apport calorique de 14 % tandis que les autres ont continué à manger normalement.
Deux ans plus tard, les chercheurs ont pu constater les effets positifs de la restriction calorique sur l’inflammation et l’immunité.
Et ce n’est pas au niveau de votre système digestif ou de votre sang que les chercheurs ont remarqué un changement considérable. Tout se joue au niveau de votre thorax !
Ne négligez plus jamais cette petite glande logée dans votre thorax
Dans la partie supérieure de votre thorax, juste derrière votre sternum et vos poumons, se trouve une glande importante : le thymus.

Discrète, elle produit des globules blancs spécifiques qui interviennent dans vos défenses immunitaires. Leur nom scientifique est les lymphocytes T.
C’est facile à retenir : T comme Thymus.
Ils sont importants car sans eux, votre système immunitaire ne peut pas être opérationnel.
Le problème est que votre thymus vieillit plus rapidement que vos autres organes [2].
À partir de 40 ans, 70 % du thymus est non fonctionnel. Cela signifie qu’il ne produit plus assez de lymphocytes T. Votre organisme est donc moins armé pour se défendre.
C’est là où la restriction calorique peut faire la différence.
Les scientifiques qui ont mené l’essai clinique CALERIE se sont rendu compte que le thymus du groupe de participants ayant un apport calorique restreint était moins gras. Aussi, il fonctionnait mieux par rapport à celui des autres volontaires.
Mais leurs découvertes ne s’arrêtent pas là. Les chercheurs ont aussi identifié un autre changement dans un facteur important d’inflammation chronique responsable de nombreuses maladies.
Une réduction significative pour mieux prévenir l’athérosclérose et certains cancers ?
Les chercheurs sont allés plus loin dans leur analyse. Ils ont aussi examiné la graisse corporelle des participants.
La raison est simple : elle est le siège de facteurs immunitaires pouvant devenir une source d’inflammation. En d’autres termes, elle constitue un facteur qui peut entraîner le développement de maladies.
C’est un peu technique, mais je vais tout vous simplifier.
Ils ont identifié un gène (le PLA2G7) produit par vos cellules immunitaires lorsqu’elles sont débordées ou fatiguées (c’est le cas lorsque votre thymus n’est plus opérationnel). Voyez-le comme un soldat de dernier secours qui va être appelé en mission en cas d’attaques externes.
À chaque fois qu’un agent pathogène (virus, bactéries) entre dans votre organisme et que vos défenses n’arrivent pas à le gérer, ce soldat est déployé. Il va alors mettre en place une stratégie de défense en activant une enzyme de destruction : la Lp-PLA2.
Si elle est efficace sur le moment, cette enzyme peut contribuer à l’athérosclérose et à certains cancers, tel que celui de la prostate [3].
Les chercheurs ont donc réduit volontairement l’activité du gène PLA2G7 chez des rongeurs.
Cette réduction s’est avérée aussi bénéfique chez les rongeurs que la restriction calorique chez l’homme. Leur thymus était plus longtemps fonctionnel et les souris étaient aussi moins enclin à être en surpoids.
Une donnée importante puisque le surpoids, induit par une mauvaise alimentation, est considéré comme un facteur majeur de nombreux processus inflammatoires.
Retenez alors que se restreindre est bon pour votre santé. Cela améliore votre immunité, mais réduit aussi l’inflammation.
Mais attention : l’idée n’est pas de mal manger (aliments transformés) ni de se restreindre considérablement (malnutrition). Mais bien de revoir ses apports quotidiens.
Vous pouvez aussi envisager un jeûne pour « nettoyer tout votre organisme ».
- Si cela vous intéresse, je vous invite à découvrir mes lettres à ce sujet :
Bien à vous,
Eric Müller
Sources:
[1] Spadaro O. et al. Caloric restriction in humans reveals immunometabolic regulators of health span. Science, 2022; 375 (6581): 671
[2] Les actus qui vous donnent 5 ans d’avance, La nutrition.fr
[3] Spadaro O. et al. Caloric restriction in humans reveals immunometabolic regulators of health span. Science, 2022; 375 (6581): 671
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