Qui n’a pas d’allergies ?
Aujourd’hui, selon l’OMS, elles sont devenues la 4ème maladie chronique la plus répandue dans le monde.
En France, 25 à 30% de la population est victime d’allergies, qu’elles soient saisonnières, persistantes, respiratoires, cutanées ou alimentaires.
Un phénomène dans lequel il est prouvé scientifiquement que le microbiote joue un facteur déterminant1.
Tout se joue dans la petite enfance
Vous l’aurez sans doute constaté, tout autour de vous, les déséquilibres du microbiote intestinal (dysbiose) sont très courants et peuvent apparaître à n’importe quel âge.
C’est vrai mais l’essentiel se joue dans la petite enfance. C’est entre 0 et 6 ans que se constitue la flore intestinale.
De sa richesse dépendra ensuite la présence ou non de dysbioses.
Nous savons que les naissances par césarienne ou par voie basse entraînent des différences considérables dans la composition de la communauté bactérienne qui viendra constituer cette flore.
Des chercheurs espagnols2 ont pu constater que les enfants nés par césarienne bénéficient par la suite d’une flore intestinale moins variée que ceux nées par voie basse.
Cette différence a son importance, car qui dit microbiote amoindri, dit risque accru de développer des maladies allergiques.
Il a par exemple été démontré que le microbiote intestinal des enfants sujets aux allergies était notamment moins riche en Bifidobacterium, une bactérie probiotique qui soutient naturellement les autres bactéries présentes dans la flore intestinale.
En parallèle, l’utilisation d’antibiotiques à un âge précoce entraîne aussi une tendance plus importante à développer des allergies en grandissant.
Le Docteur Perez-Gordo, qui a participé aux recherches, insiste même sur le fait que la prise d’antibiotiques par les femmes enceintes augmente le risque d’allergie chez les nouveau-nés.
Mais ce qui fonctionne dans un sens, fonctionne aussi dans l’autre.
Car à l’inverse, la prise de probiotiques chez la femme enceinte (et par le nourrisson après sa naissance) favorise le développement du microbiote intestinal et limite les risques d’allergie.
Enfin, l’alimentation du nourrisson est également très importante dans la prévention de l’apparition d’allergies.
Je pense spécifiquement à l’allaitement car il favorise la colonisation par des bactéries bénéfiques et des substances comme les oligosaccharides ou des glucides complexes, qui vont permettre au microbiote intestinal de l’enfant de se développer.
Moins de microbes, plus d’allergies
Dans l’ensemble, les dysbioses sont plus fréquentes qu’il y a quelques années car notre mode de vie s’est considérablement modifié.
Nos grands-parents (voire nos arrière-grands-parents) vivaient davantage en contact avec la nature, notamment dans leur enfance, et n’avaient pas la même alimentation qu’aujourd’hui.
Qui n’a pas un grand-parent fils ou fille de fermiers ?
Beaucoup vivaient au contact d’animaux fermiers, étaient donc davantage exposés aux microbes… et paradoxalement développaient moins d’allergies au cours de leur vie.
Ce n’est plus aujourd’hui.
Notre monde moderne est devenu beaucoup trop aseptisé et cela aurait justement tendance à encourager les allergies.
Pourquoi ?
Et bien selon les chercheurs de l’Institut Pasteur, plus notre flore est colonisée par des bactéries, plus les cellules immunitaires responsables du déclenchement des allergies sont inhibées.
En effet, plusieurs types de réponses immunitaires sont mobilisés pour défendre l’organisme au contact d’un agent pathogène.
En présence de microbes, comme des bactéries ou des champignons, les cellules immunitaires sollicitées pour les éliminer sont dites de “type 3”.
Lors d’une infection par des agents pathogènes de plus grande taille (les allergènes comme les poils ou la poussière par exemple), ce sont les cellules immunitaires de type 2 qui interviennent et qui provoquent les allergies lorsqu’elles font trop de zèle.
Les chercheurs de l’Institut Pasteur ont montré que les cellules de type 3, sollicitées en cas de contamination microbienne, agissent directement sur les cellules du type 2 en limitant leur action.
Les cellules de type 2 n’engendrent alors plus de réactions immunitaires3.
Soigner son microbiote pour mettre les allergies en veilleuse
La stratégie payante est donc toute trouvée :
Si vous voulez calmer vos épisodes allergiques (voire les vaincre définitivement), la première chose à faire est de chouchouter votre flore intestinale.
Une alimentation équilibrée avec de bons apports en probiotiques et prébiotiques doit être mise en place dès que possible.
Vous ne savez pas si vous souffrez de dysbiose ?
Votre transit est un bon indicateur pour vous mettre la puce à l’oreille.
S’il est fréquemment perturbé (ballonnements voire constipation, selles fréquentes voire diarrhées) et que vos selles ainsi que vos gaz sont malodorants, soyez sur vos gardes.
C’est le signe que dans vos intestins, les bactéries pathogènes sont peut-être en train de prendre le dessus sur celles qui vous protègent.
Comme indice supplémentaire, sachez qu’en règle générale, votre digestion n’est pas sereine en cas de dysbiose et les maladies inflammatoires viennent souvent vous gâcher la vie.
Pour retrouver et entretenir une bonne flore intestinale, il vous faudra des apports conséquents en prébiotiques.
Pour cela, augmentez vos portions de fibres (légumes, fruits, céréales et farines complètes).
Des aliments courants comme l’ail, l’artichaut, l’asperge, l’oignon, le poireau, le blé entier, l’orge, le seigle, l’avoine, le chou, les pommes de terre ou encore la banane, sont de très bonnes sources de prébiotiques.
Intégrez aussi des aliments fermentés à vos repas, comme la choucroute, le miso, les cornichons, les jus de légumes lacto-fermentés, le kombucha (une boisson fermentée à base de thé), etc.
Et bannissez les sucres simples (saccharose, fructose, maltose, lactose, glucose) qui perturbent fortement la flore intestinale.
Une cure de probiotiques d’un mois à chaque changement de saison peut aussi être salutaire.
Ces suppléments, que l’on trouve facilement en pharmacie, permettent d’enrichir la flore en bonnes bactéries.
Pour une efficacité optimale, ces probiotiques doivent remplir trois critères :
1. Composition minimale de 2 milliards de bactéries
2. 5 souches différentes
3. Gélules gastro-résistantes
Pensez aussi au pollen frais.
Il contient 10 millions de ferments lactiques par gramme et a un effet antimicrobien, antifongique et antiallergique.
La levure de bière vivante est également une bonne source de probiotiques.
Enfin, pour compléter la remise en forme de votre flore intestinale, veillez à avoir une activité physique régulière.
Cela améliore la qualité du microbiote et stimule la diversité bactérienne4.
Hypersensibilité à l’histamine, un autre problème à prendre en compte
Au cours des repas, il est préférable d’éviter les aliments riches en histamine si vous y êtes sensible.
Cette molécule intervient lorsque les défenses immunitaires sont sollicitées, en participant à la réponse inflammatoire et allergique.
Elle provoque une dilatation des capillaires (les plus fins des vaisseaux sanguins) qui entraîne des rougeurs cutanées, de petits œdèmes localisés (sur la muqueuse des sinus par exemple), une baisse de la pression artérielle, une accélération du rythme cardiaque ainsi qu’une constriction des bronches.
On le voit, en excitant les terminaisons nerveuses, l’histamine peut provoquer des réactions qui ressemblent aux allergies.
Pour savoir si vous êtes intolérant à l’histamine, il vous faudra déterminer si certains aliments provoquent chez vous des symptômes tels que :
- Une sensation de serrement à la gorge ou à la poitrine ;
- Des palpitations cardiaques ;
- Des migraines ;
- Des vertiges ;
- Des douleurs articulaires ou musculaires ;
- Des bouffées de chaleur ;
- Des démangeaisons ;
- De l’urticaire ou de l’eczéma.
Généralement, ces symptômes apparaissent immédiatement après l’ingestion d’un aliment déclencheur.
Parmi les principaux aliments riches en histamine se trouvent les fromages, la charcuterie, les poissons (surtout séchés ou fumés), les fruits de mer, certains fruits comme les fraises ou les tomates, quelques légumes comme les épinards, ainsi que les aliments fermentés (cette source de prébiotiques précieuse sera malheureusement à éviter si vous êtes réactif à l’histamine).
Vous pouvez obtenir des informations supplémentaires sur ce site : https://www.medecinsfrancophones.ca/tout-savoir-sur-lintolerance-a-lhistamine/
Sachez que plus les aliments sont frais et moins ils contiennent d’histamine.
Je vous recommande donc de ne pas stocker trop longtemps vos fruits, vos légumes, la viande et autres produits de la mer.
En revanche, je vous conseille de faire le plein de quercétine, une molécule de la famille des flavonoïdes aux propriétés anti-allergiques.
Vous en trouverez dans les oignons, les pommes, le brocoli, les haricots verts…
Elle peut aussi se prendre sous forme de gélules (magasins bio ou internet) et la posologie adaptée aux allergies est de 100 mg à 200 mg, 3 fois par jour, 20 minutes avant les repas.
Enfin, éliminez tout ce qui favorise notoirement l’inflammation, comme les produits laitiers ou le gluten.
Prêtez-vous attention à votre flore intestinale pour contrer vos allergies ?
Naturellement vôtre.
Stéphane Morales pour Eric Müller