Lorsque j’étais enfant et que je tombais malade, je demandais systématiquement à ma mère de me faire un bouillon de poule.
Non seulement, c’était tout ce que je pouvais avaler, mais en plus, cela me requinquait comme par magie !
Depuis toutes ces années, je n’ai jamais su si cela relevait de l’effet placebo ou si ce fameux bouillon avait de véritables vertus curatives.
Et bien, je crois avoir trouvé la réponse grâce à une étude parue il y a quelques années dans Science Daily1.
Bouillon 1 – inflammation 0
La plupart du temps, les affections hivernales sont issues de virus qui provoquent une inflammation transitoire de la muqueuse des voies respiratoires supérieures.
Dans le détail, l’infection virale conduit à la production de cytokines, des protéines qui coordonnent nos défenses immunitaires, et dont l’action provoque l’inflammation.
Tandis qu’en parallèle, les neutrophiles, c’est-à-dire les globules blancs qui détruisent les pathogènes, seraient responsables de la production excessive de mucus… d’où le nez qui coule et la toux.
Les chercheurs, qui étaient visiblement aussi intrigués que moi par le pouvoir de la soupe de poulet, ont cherché à évaluer si celle-ci pouvait atténuer la réponse inflammatoire de l’organisme, associée au rhume.
Et la réponse est oui !
Consommer de la soupe de poulet permet d’inhiber les systèmes inflammatoires à l’origine des symptômes désagréables ressentis lorsque nous avons la grippe ou le rhume.
Ce met traditionnel ne guérit donc pas les maux de l’hiver, mais les rend plus faciles à supporter.
Une authentique potion magique !
De toute évidence, le secret de son efficacité réside dans la composition du bouillon en lui-même.
Or en faisant quelques recherches, je me suis aperçu que la soupe de poulet est un classique de la cuisine juive.
Non seulement pour ravir les papilles, mais aussi pour ses propriétés thérapeutiques.
Selon la tradition, elle permettrait de vaincre la grippe mais pourrait aussi soigner l’asthme et même … la lèpre !
Autant dire qu’on la considère traditionnellement comme une panacée !
D’ailleurs, on appelle justement ce bouillon miraculeux la pénicilline juive.
Bien entendu, pour avoir des résultats concrets sur votre état de santé, ne comptez pas sur un bouillon cube acheté au supermarché du coin.
A titre d’exemple, la recette utilisée par les chercheurs qui ont mené l’étude du Science Daily ne contient que des bonnes choses :
On y trouve du poulet, mais aussi des oignons, des patates douces, des panais, des navets, des carottes, des branches de céleri ou encore du persil.
Si vous aussi, vous voulez vous préparer un véritable bouillon thérapeutique, voici comment procéder :
Ingrédients :
- 1 carcasse de poulet cuit (label rouge ou bio ou fermier)
- 5 litres d’eau du robinet filtrée ou de source
- 1 verre de vin blanc
- 2 carottes
- 1 vert de poireau
- 3 navets
- 1 branche de céleri
- 1 branche de thym
- 1 feuille de laurier
- 1 gousse d’ail
- 1 oignon
Préparation :
- Épluchez, rincez les légumes (bio de préférence) et coupez-les en morceaux.
- Dans une marmite, placez les légumes coupés ainsi que les aromates et faites-les légèrement revenir avec l’oignon émincé.
- Déglacez avec le verre de vin blanc puis recouvrez le tout d’eau légèrement salée.
- Ajoutez les os de la carcasse et la chair de poulet que vous aurez récupérée.
- Au premier bouillon, baissez le feu immédiatement et laissez cuire à feu très doux pendant 2 à 3 heures, à couvert. Surtout, ne laissez pas votre préparation bouillir.
- Filtrez le bouillon.
- Ajoutez un tour de moulin à poivre avant de servir.
Au-delà du mythe
Il n’empêche, cela ne résout pas notre question initiale :
Concrètement, comment s’explique l’efficacité du bouillon de poule pour contrer les effets des coups de froid hivernaux ?
Il y a plusieurs éléments à prendre en considération.
Tout d’abord, boire une boisson chaude, quelle qu’elle soit, est réconfortant en cas d’état grippal.
Cela atténue les frissons que l’on peut ressentir et fluidifie les mucosités, dégageant ainsi le nez et les bronches2.
Ensuite, plusieurs éléments contenus dans la soupe de poulet pourraient expliquer ses effets :
- La carnosine, qui est une combinaison de deux acides aminés, l’alanine et l’histidine, aux importantes propriétés antioxydantes.On en trouve en grande quantité dans le poulet (290 mg/100g) ou dans la dinde (240 mg/100g). Une étude publiée en 2012 dans l’American Journal of Therapeutic3 révèle par ailleurs que la carnosine contenue dans le bouillon de poule pourrait en partie expliquer son efficacité pour combattre la grippe, le rhume ou la rhino-pharyngite.
- Les vitamines et les minéraux. Le bouillon dans lequel infusent à basse température les os du poulet, les légumes et les herbes aromatiques est chargé en éléments nutritifs. On retrouve des vitamines B, C, K, du calcium, du magnésium, du potassium et du soufre en bonne quantité. L’organisme est ainsi revigoré et réhydraté. Enfin, le thym et le laurier complètent le tout avec leurs propriétés anti-infectieuses.
- La gélatine. Elle provient des os et des cartilages du poulet. Elle agirait comme un film protecteur pour les intestins. De plus, la glycine, l’un des acides aminés présents dans la gélatine, contribue à l’élimination des toxines dans le foie et possède d’étonnants effets anti-inflammatoires4. La présence de gélatine serait donc capitale pour concocter un véritable bouillon de poule thérapeutique. Elle vous aidera à surmonter aussi bien les troubles de type gastro-entérite, que ceux de type grippaux. Ne vous contentez donc pas de la viande de poulet pour votre bouillon, mais veillez à bien y incorporer les os de la carcasse.
Et vous, avez-vous déjà constaté les effets du bouillon de poule pour vous remettre des maladies de l’hiver ?
Vos commentaires sont les bienvenus.
Naturellement vôtre.
Stéphane Morales
Sources:
[1] American College Of Chest Physicians. « New Study Supports Chicken Soup As A Cold Remedy. » ScienceDaily. ScienceDaily, 19 October 2000.
[2] Saketkhoo K, et al.. Effects of drinking hot water, cold water, and chicken soup on nasal mucus velocity and nasal airflow resistance.
[3] Babizhayev MA, et al. Management of the virulent influenza virus infection by oral formulation of nonhydrolized carnosine and isopeptide of carnosine attenuating proinflammatory cytokine-induced nitric oxide production. Am J Ther. 2012.
[4] Wheeler MD, et al. Glycine: a new anti-inflammatory immunonutrient. Cell Mol Life Sci. 1999.
En Grèce chaque fois que nous sommes malades …une seule chose passe et fait du bien ; la κοτόσουπα….la soupe de poule🐔 !!!
C’est mon premier commentaire,
Je trouve la recette intéressant
Merci et a la prochaine👌
Bonjour, merci beaucoup pour cette recette en ce début de l’hiver.
Top top… Depuis l enfance de ma grand-mère (et je suis bien vieille….. 😅), ce bouillon d os est devenu le Bouillon d Or et… elle n était pas Juive… 😄 c est universel !!
Bonjour et merci.
Vous venez de faire revivre un agréable souvenir de mon enfance ; l’odeur de ce jus aux senteurs savoureuses. Je trouvais toujours un prétexte pour aller vers cette table de cuisson :la cuisinière. Oui ! Il y avait ce monumental appareil qui servait tant pour se chauffer que pour la cuisson.
Même les os réduit en bouillie, je les mangeais. Ils avaient un goût impossible à retrouver maintenant. Poule, poulet ou vieux coq provenait de la cour. Les légumes du jardin. Pas d’engrais ni de booster de croissance pour animaux. Une belle bonne terre qui sentait bon quand elle était travaillé. À mon adolescence, la cuisinière a définitivement été snobé pour une gazinière. Ce remplacement nous a fait perdre au change, fini les saveurs des mijotés. L’olfactif faisait danser les papilles pour préparer le gustatif qui s’en suivait des valses et tango avec ces saveurs en bouche. Inoubliable pour ce palais d’enfance.
Par contre j’ai oublié si nous avions cela en période de santé affaibli. Certainement. ..,.
Merci d’avoir fait renaître ce souvenir
Bonjour, effectivement chez nous, chez mes parents et grands parents, on soigne l’état grippale au bouillon de poule….à votre recette j’en rajoute du poivre noir entier et du persil fraîchement coupé.
BaV
Bonsoir,
quand vous étiez enfant votre grand mère disposait peut être d’un cuisinière à charbon qui servait à la fois de chauffage et de moyen de cuisson. On pouvait donc laisser sur les plaques du dessus une marmite pendant 2 ou3h, cela ne coûtait rien. Désormais avec le coût élevé de l’énergie, je ne me vois pas laisser sur une plaque électrique ou sur un brûleur de gazinière, une marmite pendant une durée aussi longue, même si je pense que le bouillon de poule est bon pour la santé!!
Chez nous, au Québec, avec la froidure qui règne longtemps le bouillon de poulet est bienvenu.La recette de ma femme est similaire, sinon pas de navets mais plus de céleri et plus d’oignons. On s’en aussi comme base pour les potages et toutes autres soupes. La carcasse de poulet bio est achetée non cuite.