Comment éviter de détruire le capital santé de vos petits-enfants

Comment éviter de détruire le capital santé de vos petits-enfants

Vous le savez, notre alimentation et notre hygiène de vie influencent directement notre santé. Mais ce que nous ignorions jusqu’à présent, c’est l’impact négatif que cela induit chez nos petits-enfants.

Une étude américaine publiée dans la revue American Journal of Physiology, s’est aperçue que certaines de nos habitudes alimentaires peuvent directement mettre en danger la santé des générations futures [1]. Le plus surprenant, c’est que cela induirait des pathologies non présentes chez les parents ou grands-parents.

Autrement dit, ce que vous mangez aujourd’hui va redistribuer les cartes du capital santé de vos enfants, petits-enfants et même arrière-petits-enfants.

Comment détruire le cœur des 3 générations à venir

Pour arriver à de telles conclusions, l’équipe du Médecin Kelle Moley, spécialiste en santé reproductive à l’université Washington de St. Louis, aux États-Unis, a mené plusieurs expériences auprès de rongeurs.

La première a été de rendre des souris femelles obèses par une alimentation trop riche en graisses et en sucres avant et pendant leur grossesse. Outre les problèmes de santé développés par les mères, les scientifiques ont constaté que leurs petits présentaient tous des conséquences cardiaques sérieuses. Et cela, jusqu’à la troisième génération, même si celle-ci n’est pas en surpoids.

Mais leur découverte ne s’arrête pas là ! Ces modifications cardiaques ne se transmettent pas uniquement par la mère.

Une transmission aussi bien maternelle que paternelle

Les chercheurs ont réitéré leur expérience, cette fois avec les descendants mâles de mères obèses et des femelles en bonne santé disposant d’une alimentation normale. Résultat : ils ont eux aussi transmis les mêmes problèmes cardiaques à leurs petits.

Selon les scientifiques, ces expériences menées sur des souris laissent penser que des résultats similaires sont applicables à l’Homme.

Ainsi, notre organisme serait capable de transmettre un problème de santé directement induit par notre mauvaise hygiène alimentaire.

Cette étude fait écho à celle de 2016 aussi dirigée par le Médecin Kelle Moley et publiée dans le journal Cell [2]. À ce moment-là, son équipe avait analysé les effets de l’obésité sur les mitochondries. Indispensables, ce sont les organites chargés de produire l’énergie nécessaire au bon fonctionnement de tout notre organisme.

Leurs recherches avaient mis en lumière qu’un fort surpoids entraîne des dysfonctionnements mitochondriaux qui influencent directement le système cardiaque. En effet, les mitochondries affectées ne peuvent plus produire suffisamment d’énergie pour alimenter le cœur, provoquant ainsi des insuffisances cardiaques[3]. Et ces défauts étaient hérités pendant plusieurs générations.

À l’époque, les chercheurs pensaient donc que l’ADN mitochondrial (l’empreinte issue des mitochondries) transmis uniquement par la mère, était le facteur de transmission de génération en génération. Cependant, grâce aux nouveaux travaux réalisés, les scientifiques savent désormais qu’ils sont aussi causés par l’ADN nucléaire situé au cœur de nos cellules dans le chromosome.

Comment mieux gérer les cartes de notre capital santé ?

Des recherches sont encore nécessaires pour comprendre tous les mécanismes de transmission générés d’une génération à l’autre. Cependant, ces modifications n’agissent pas directement sur les gènes, mais sur des éléments qui régulent leur expression.

Plusieurs théories sont en cours d’étude dont celle qui suppose que ces éléments épigénétiques se trouvent dans les cellules germinales (les ovocytes et les spermatozoïdes). Ce qui expliquerait en partie le partage avec la génération suivante. Cependant, cela ne justifie pas que ces modifications subsistent après plusieurs générations, malgré un retour à un régime normal.

D’après une analyse de 2019 qui regroupe plusieurs données scientifiques disponibles sur le sujet, ce type de transmission transgénérationnelle n’est pas encore connu [4]

Ce qui est certain c’est que l’obésité de nos ancêtres est un facteur à risque à prendre en compte, mais il n’est pas irréversible. Une bonne hygiène de vie peut compenser un mauvais héritage [5].  

Bien à vous,

Eric Müller

Sources:

Sources : [1] A maternal high-fat, high-sucrose diet induces transgenerational cardiac mitochondrial dysfunction independently of maternal mitochondrial inheritance, American Journal of Physiology – Heart and circulatory physiology [2] Maternal Metabolic Syndrome Programs Mitochondrial Dysfunction via Germline Changes across Three Generations, Cell reports [3] Bernhardt, D., Muller, M., Reichert, A.S., and Osiewacz, H.D. (2015). Simultaneous impairment of mitochondrial fission and fusion reduces mitophagy and shortens replicative lifespan. Sci. Rep. 5, 7885. [4] Mother or Father: Who Is in the Front Line? Mechanisms Underlying the Non-Genomic Transmission of Obesity/Diabetes via the Maternal or the Paternal Line, Nutrients 2019. [5] Valérie Grandjean, spécialiste en expression génétique à l’université de Nice Crédits : fizkes-shutterstock.com

 

 

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