Chère lectrice,
Cher lecteur,
Ils ne sont pas très ragoûtants et pourtant, ils seraient l’avenir de notre alimentation ! Pour vous, mon ami Stéphane Morales a plongé dans l’univers fascinant des insectes comestibles.
Bien à vous,
Eric Müller
Allons-nous tous devenir entomophages ?
Chère lectrice,
Cher lecteur,
L’entomophagie est le fait de se nourrir d’insectes.
Près de 2 milliards de personnes le font déjà.
En Amérique latine, en Asie du Sud-Est ou encore en Afrique, ce sont 2 000 espèces d’insectes différentes qui sont régulièrement consommées.
Compte tenu des enjeux écologiques de plus en plus importants et de la surpopulation qui guette, devons-nous nous préparer à intégrer à nos menus salades de vers et autres sauterelles grillées ?
Une solution pour contrer la surpopulation
Aujourd’hui, nous sommes 7 milliards d’habitants sur terre et nous passerons la barre des 10 milliards d’ici 2050.
Nous savons déjà à quel point nourrir toutes ces bouches est épuisant pour les sols et constitue un désastre écologique, voire sanitaire (pensez aux différents scandales qui entachent l’industrie alimentaire).
Sans compter la souffrance animale que cela génère.
D’un point de vue environnemental, diminuer la production de viande au profit de fermes à insectes paraît donc être une bonne idée.
Leur élevage nécessite peu d’espace, de nourriture et d’eau.
De plus, les insectes présentent l’avantage de se reproduire rapidement, constituant ainsi une manne alimentaire inépuisable.
Plusieurs études1 l’admettent : l’impact environnemental de l’élevage d’insectes est inférieur à tous les autres types d’élevage carné.
A titre d’exemple, si l’on compare les ressources nécessaires pour un élevage de bœufs par rapport à celui de grillons, ces derniers demandent 15 000 litres d’eau en moins par kilogramme de nourriture produite et génèrent 100 fois moins de gaz à effet de serre.
Il ne faut que huit semaines pour obtenir des grillons adultes prêts à la consommation2.
Les insectes sont-ils pour autant la solution idéale pour préserver l’environnement ?
Certains n’en sont pas si sûrs.
D’abord parce que les insectes ont besoin d’un environnement chaud pour prospérer.
Or, chauffer des millions d’insectes en usine nécessiterait beaucoup d’énergie.
Ensuite, parce que si l’élevage d’insectes semble plus intéressant que celui de la viande sur le plan écologique, il ne fait pas le poids face à la production de protéines végétales (lentilles, soja…)3.
La solution serait donc de réduire drastiquement notre consommation de viande au profit des protéines fournies en partie par les insectes, mais surtout en grande majorité par le monde végétal.
Nutritifs, riches en protéines et bons pour le microbiote
Dans tous les cas, il est fort probable que les insectes vont doucement mais sûrement s’inviter à notre table.
Qu’en est-il de leur valeur nutritionnelle ?
La FAO (Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture) assure que les insectes comestibles contiennent en bonne quantité des protéines de haute qualité, des acides aminés, du zinc, du fer et de nombreux autres nutriments indispensables à la santé.
Un rapport très complet4 ne laisse pas de place au doute ; les apports énergétiques et nutritionnels fournis par les insectes sont équivalents à ceux fournis par les produits carnés.
Pour que vous vous fassiez une idée, 100 grammes de bœuf contiennent 29 grammes de protéines, mais aussi 21 grammes de matières grasses.
100 grammes de sauterelles contiennent 20 grammes de protéines et 6 grammes de matières grasses.
Les sauterelles sont donc beaucoup moins grasses, pour presque tout autant de protéines que le bœuf !
Autre exemple, les grillons sont composés de 60 à 80% de protéines et contiennent autant de calcium que le lait et plus de fer que le bœuf.
J’ai cherché à aller un peu plus loin sur les bienfaits d’une alimentation enrichie en insectes et j’ai découvert quelque chose de très intéressant pour la santé en général.
En effet, de récentes études5, qui demandent néanmoins à être confirmées, pourraient laisser penser que consommer des insectes aurait également un impact positif pour la santé du microbiote intestinal.
Ils agiraient comme des prébiotiques favorisant la multiplication des bonnes bactéries séjournant dans nos intestins.
Les insectes seront-ils l’aliment santé de demain ?
L’avenir proche nous le dira, même si, pour le moment, ces ingrédients prometteurs semblent rencontrer encore quelques limites.
Une source de contamination pathogène possible ?
Certains d’entre vous doivent sûrement se demander si on ne risque pas d’attraper des maladies en mangeant des insectes.
Car il est vrai que dans notre culture, ces derniers ne sont pas considérés comme très sains et sont plutôt vus comme des porteurs de germes en puissance.
Il ne viendrait à l’idée de personne de goûter une mouche, une chenille ou un lombric, de peur de tomber malade.
Autant être franc avec vous, les dangers liés à leur ingestion ne sont pas vraiment connus et le risque le plus clairement identifié est d’ordre allergique.
Cependant, il ne faut pas perdre de vue qu’ils sont consommés depuis des millénaires sans que cela ait provoqué de quelconques problèmes sanitaires et, qu’en règle générale, ils sont cuits avant d’être mangés.
Il y a donc potentiellement moins de risque microbien à manger un ver grillé qu’à avaler un tartare de bœuf qui ne serait pas ultra frais.
Et comme toujours, cela dépend aussi beaucoup des conditions d’élevage.
Si tout est fait dans des conditions d’hygiène optimales et dans le respect des conditions naturelles favorables à la vie de ces insectes, il n’y a pas de raison de s’inquiéter outre mesure.
J’espère simplement à l’avenir ne pas avoir à écrire un article sur les vers de farine engraissés aux hormones ou sur des hangars insalubres remplis de millions de sauterelles au mètre carré…
La vente et la consommation d’insectes, prometteuses, mais toujours non réglementées en Europe
Il faut bien l’avouer, celui qui veut intégrer dès aujourd’hui des insectes dans son alimentation va devoir faire des efforts pour y parvenir.
Aller faire un tour à l’épicerie du coin et se préparer quelques grillons grillés sur le pouce, ce n’est pas pour tout de suite.
D’autant plus que l’industrie se tourne davantage vers les insectes non pas pour nourrir les hommes mais pour nourrir le bétail6.
Quelques pionniers se lancent tout de même dans l’aventure, à l’image de la société toulousaine Micronutris qui propose toute une gamme de produits à base de grillons et de ténébrions (un coléoptère).
En vous rendant sur leur site7, vous pourrez commander directement ces différents insectes et les goûter nature, épicés ou encore sous forme de crackers pour l’apéro, le tout bio.
Mais en Europe, la diffusion à grande échelle d’insectes dans notre alimentation rencontre encore un obstacle de taille.
Elle nécessite une autorisation de mise sur le marché, que les autorités n’ont toujours pas délivrée, laissant la vente et la consommation de ces nouveaux aliments non réglementées.
En mai 2021, un premier pas timide a tout de même été fait dans ce sens.
Ainsi, les vers de farine jaunes séchés sont devenus le premier insecte comestible à obtenir le feu vert pour une autorisation de mise sur le marché dans l’UE8.
Vous voulez tenter l’expérience ?
Pour celles et ceux qui parviendraient à se procurer des insectes comestibles, sachez que les grillons, les sauterelles et les criquets sont les plus faciles à cuisiner, notamment en friture.
Vous pouvez au préalable les faire mariner dans un jus de citron vert épicé et agrémenté de nombreuses herbes aromatiques.
Ils ont l’avantage de prendre facilement le goût des aliments qui les accompagnent, comme les épices ou les sauces.
En suivant ce lien, vous trouverez trois recettes faciles pour vous faire plaisir : https://blog.insectescomestibles.fr/3-idees-de-recettes-du-monde-aux-insectes-a-cuisiner
Pour que la consommation d’insectes se démocratise, il y a encore du chemin à faire.
Une enquête de la Food Standards Agency9 a montré que six personnes interrogées sur dix seraient prêtes à essayer les protéines végétales, contre seulement un quart (26 %) qui accepterait de consommer des insectes comestibles.
67 % affirment même que rien ne pourrait les convaincre de manger des insectes !
Et vous ?
Vos commentaires sont les bienvenus, je les lirai avec grand plaisir.
Naturellement vôtre,
Stéphane Morales
Sources:
[1] Van Huis A. et al. The environmental sustainability of insects as food and feed. A review / Agronomy for Sustainable Development 2017.
[2] https://www.alimentarium.org/fr/magazine/tendances/insectes-comestibles-les-proteines-du-futur
[3] https://www.vetitude.fr/les-insectes-seront-ils-reellement-la-nourriture-du-futur/
[4] https://www.fao.org/3/i3253f/i3253f.pdf
[5] Young W, et al. Feeding Bugs to Bugs: Edible Insects Modify the Human Gut Microbiome in an in vitro Fermentation Model. Front Microbiol. 2020.
[6] https://www.presse-citron.net/le-futur-de-lalimentation-a-base-dinsecte-est-francais/
[7] https://www.micronutris.com/fr/accueil
[8] https://www.euractiv.fr/section/alimentation/news/eu-gives-green-light-to-blocs-first-edible-insect/
[9] https://www.food.gov.uk/research/behaviour-and-perception/survey-of-consumer-perceptions-of-alternative-or-novel-sources-of-protein
Bonjour
dans certains pays, les insectes sont effectivement intégrés dans l’alimentation quasi quotidienne. Mais j’ai lu que la chitine (la carapace qui recouvre les insectes comme les coléoptères ou grillons et sauterelles, leur squelette en quelque sorte) n’était pas digeste et pourrait créer des problèmes. Avez-vous des informations à ce sujet?
D’ordinaire j’apprécie vos articles mais celui-ci ne fait que reprendre les bourrages de crâne « mondialistes » afin de débarrasser la planète de la population indésirable.
Je préfère manger moins ou quasiment plus de viande du tout voire 2 fois par mois et manger des légumes secs plutôt que des insectes et des vers 🤮
Et puis quoi, encore ? Jamais de la vie !!
Les insectes sont pour les oiseaux.
Nous ne sommes pas des oiseaux.
D’ailleurs, il semblerait que manger des insectes ne serait pas bon pour les intestins.
En tout cas, pas pour moi, hors de question.
Mangez les vous-mêmes.
Bonjour
il y a en fait 8 milliards d habitants sur terre, depuis qqs jours, hélas!
Bonjour,
Je dois vous faire part d’une expérience assez étonnante :
J’avais une petite chienne épagneul très gourmande.
Grâce à sa gourmandise, on pouvait la dresser à n’importe quoi. Elle comprenait environ une centaine de mots, ouvrait et fermait les portes à la demande, apporter les chaussures de la famille, le courrier, bref toute une palette d’activité qui dépendait du temps consacré à se dressage par nos enfants et nous mêmes, le tout sous forme de jeux et de franches rigolades.
Cela n’était possible que par sa gourmandise. Pas une seule réussite sans récompense qu’elle demandait avec autorité. Tout lui allait, jamais le refus d’un aliment qui était bon pour nous. Ni même des médicaments qu’on avait à lui donner parfois. Cela ne lui plaisait pas, mais elle nous faisait confiance.
Jusqu’à ce jour ou ma fille nous fait goûter des vers grillés. Une nouvelle expérience! Je goûte sans hésitation, je reprends, et tend un ver grillé à cette petite chienne toujours demandeuse de gourmandise avec sa patte sur ma jambe.
Elle le recrache!
Je reprends un ver, je le mets dans la bouche, le ressort et le redonne à ma chienne.
Elle le prend, puis le recrache à nouveau !
En 11 ans, elle n’avait jamais fait cela!
Alors depuis je suis septique ! Est-ce que c’est vraiment bon?
Depuis des millénaires on mange des insectes ? Réellement, vos arrières grands parents, et plus loin nos ancêtres gaulois, marins, et aventuriers avaient l’habitude de manger cela?
Non? Pourquoi alors?
Des supers spécialistes en nutrition ont eut la brillante idée de donner de la viande à manger à des vaches !
On a vue les résultats !
Alors manger des insectes, en quantité, ne va t-il pas engendrer des nouvelles maladies graves ?
Tant que cela reste de la découverte ou de la survie, pourquoi pas!
Mais comme vous le dites, quand on passera à une alimentation de masse, avec toutes les dérives industrielles (hormone, additif, surexploitation), cela sera toujours un avantage pour l’humanité?
Je vous remercie pour cet article et vous souhaite surtout une bonne santé pour aider les gens a comprendre ce qui se passe dans lnotre monde
Super article ! J’élève déjà des vers de ténébrions chez moi depuis un an pour me faire des petits déjeuner hyperproteinés.
On parle de la souffrance animale tellement vrai… alors parlons également de celle de ces pauvres insectes qui ne connaîtront de la vie qu’un élevage intensif suivi d’une mise à mort grillés vif… L’horreur !!!! Perso il m’arrive d’acheter dans les jardineries des boîtes d’insectes vivants pour les remettre en liberté dans le bois qui me sert de jardin… Je fais de même avec les escargots vivants vendus sur le marché….. Il y a tellement d’autres moyens de se nourrir intelligemment sans avoir recours à toutes ces atrocités… Je précise que manger est très important pour moi……