Chère lectrice,
Cher lecteur,
Récemment, plusieurs alertes ont été lancées à propos de la contamination de notre nourriture par les pesticides.
Ces enquêtes alarmantes ont été réalisées par Pesticide Action Network (PAN), qui regroupe plusieurs ONG, Générations Futures ou encore l’UFC Que Choisir.
Aujourd’hui, j’ai choisi de vous en faire le compte rendu pour que vous puissiez agir en conséquence.
Deux tiers des fruits, des légumes et des céréales concernés !
L’ambition de Bruxelles de réduire de moitié le recours aux pesticides les plus dangereux d’ici 2030 a pris du plomb dans l’aile.
Dans son rapport du 24 mai 2022, Pesticide Action Network a révélé qu’en réalité la présence de pesticides toxiques dans les fruits cultivés en UE avait littéralement explosé entre 2011 et 2019.
Près de 30 % des fruits frais analysés en 2019 étaient contaminés par des pesticides, contre 20 % en 2011.
Parmi eux, les plus contaminés étaient les mûres (51 % des échantillons), les pêches (45 %), les fraises (38 %), les cerises (35 %) et les abricots (35 %).
Le classement de l’UFC Que choisir évoque, quant à lui, un trio de tête composé des cerises, des pamplemousses et des pêches.
Même les pommes étaient contaminées à 31 %, soit une augmentation de 117 % depuis 2011 !
Mais ces chiffres prennent des proportions encore plus inquiétantes lorsque les analyses sont étendues aux légumes et aux céréales.
Selon l’ONG Générations Futures,on atteindrait alors deux tiers de produits concernés1 !
Il semblerait que nous soyons sur une pente inverse aux espérances affichées…
« S’il n’y a pas de mesures fortes, on ne voit pas comment cet objectif pourrait être respecté », a déclaré Salomé Roynel de PAN Europe.
Et cela concerne tous les pays européens.
Ainsi en France, selon l’UFC Que choisir et sur la base de 14 000 contrôles sanitaires, 50% des fruits et légumes commercialisés contiendraient des pesticides potentiellement dangereux pour la santé.
Comment les pesticides nous tuent à petit feu
Herbicides, fongicides, insecticides, tous ces produits sont utilisés dans les champs et les vergers pour en maximiser les rendements.
L’alimentation est d’ailleurs la principale source d’exposition aux pesticides, selon l’OMS2.
Chaque jour, nous consommons plusieurs aliments qui en contiennent et ces substances néfastes s’accumulent petit à petit dans notre organisme, au fil des années.
Cela est d’autant plus vrai lorsque nous vivons en zone rurale et que ces produits toxiques viennent polluer l’air ambiant.
Or, la littérature scientifique est sans ambiguïté sur le sujet ; il y a un lien clairement établi entre l’exposition à tous ces produits chimiques et le risque de développer des maladies chroniques.
Résultat ?
Les maladies telles que Parkinson, Alzheimer et autres cancers hormonaux dépendants explosent.
Et même si les plus à risque sont les professionnels qui font usage de ces mêmes pesticides, une exposition régulière, tout au long de sa vie, n’a rien d’anodin3.
Une étude montre par exemple que l’utilisation d’insecticides domestiques à la maison, pendant la grossesse et durant l’enfance, est associée respectivement à une hausse de 80 % et 70 % du risque de leucémie aigüe chez l’enfant4.
Qu’ils se trouvent dans l’air, dans l’eau, dans les aliments ou les produits domestiques, limiter notre exposition aux pesticides est donc le meilleur moyen d’éviter de graves problèmes de santé.
Les fruits et légumes que vous devriez éviter
Et pour commencer, le plus simple est déjà de bien vérifier ce que vous mettez dans votre assiette.
Ainsi, lorsque vous faites vos courses, il peut s’avérer utile de savoir quels sont les fruits et légumes qui présentent le plus de risques pour votre santé.
En m’appuyant sur les dossiers rédigés par Pesticide Action Network ,Générations Futures et l’UFC Que Choisir, je vous ai dressé une liste de ceux dont vous devriez vous méfier.
Cela ne signifie pas pour autant qu’il faut les rayer de votre liste.
Mais tournez-vous plutôt vers l’agriculture biologique pour ces produits fortement impactés par des pesticides en tous genres (suspectés d’être des perturbateurs endocriniens, cancérogènes ou encore toxiques pour la reproduction et l’ADN).
Et même si le bio n’est pas complètement épargné, les teneurs relevées en pesticides à risque sont beaucoup plus faibles qu’en conventionnel.
Par exemple, les analyses montrent qu’il y a six fois moins de tomates bio contaminées par des pesticides à risques que de tomates “normales” (1 échantillon sur 10 en bio contre 6 sur 10 en conventionnel).
C’est aussi sept fois moins pour les haricots verts bio et huit fois moins pour les pommes.
Aussi, vous limiterez votre exposition alimentaire aux pesticides si vous choisissez le bio pour ces produits parmi les plus contaminés de l’agriculture conventionnelle.
Les 10 fruits les plus contaminés :
- Cerise (92 % de contamination)
- Pamplemousse (91 %)
- Pêche/nectarine (90 %)
- Clémentine/mandarine (88 %)
- Pomme (80 %)
- Raisin (77 %)
- Fraise (76 %)
- Grenade (73 %)
- Melon et tomate (57 %)
- Framboise (53%)
Les 10 légumes les plus contaminés :
- Céleri (91 %)
- Piment (85 %)
- Chou de Bruxelles (85 %)
- Gombo (75 %)
- Haricot vert (74 %)
- Céleri-rave (73 %)
- Fenouil (64 %)
- Aubergine (63 %)
- Salade (58 %)
- Poivron (58 %)
En parallèle, la liste dressée par Que choisir est très complète : https://www.quechoisir.org/comparatif-observatoire-des-pesticides-n98916/
Vous y trouverez les produits les plus pollués, ainsi que les pesticides incriminés avec leur degrés de dangerosité5.
Vous constaterez que, pour les pommes, on retrouve très souvent du fludioxonil (dans 48 % des échantillons), un fongicide suspecté d’être un perturbateur endocrinien6.
Dans les cas des cerises, c’est un insecticide, le phosmet, qui est détecté dans 47 % des cas, quand bien même les agences réglementaires européennes le suspectent d’être toxique pour la fonction reproductrice7.
Enfin, au-delà de la liste des 10 fruits et légumes que je vous ai dressée, je préciserai également que les thés, cafés, cacao et infusions sont eux aussi contaminés dans 87,2 % des cas…
De quoi, là aussi, se tourner vers le bio.
Faites-vous déjà confiance à l’agriculture biologique pour vos fruits et légumes ?
Si ce n’est pas le cas, allez-vous y penser à l’avenir ?
Naturellement vôtre.
Stéphane Morales pour Eric Müller
Sources:
[1] https://www.ouest-france.fr/societe/alimentatio/deux-tiers-des-fruits-legumes-et-cereales-non-bio-contiennent-des-residus-de-pesticides-f1f8d2ce-b011-11ec-bac3-54faba916d73
[2] https://sante.gouv.fr/sante-et-environnement/risques-microbiologiques-physiques-et-chimiques/pesticides/article/sources-d-exposition-aux-pesticides
[3] Mostafalou S, et al. Pesticides and human chronic diseases: evidences, mechanisms, and perspectives. Toxicol Appl Pharmacol. 2013.
[4] A. Baruchel et al. Household exposure to pesticides and risk of childhood acute leukaemia. The Escale Study (SFCE), 2007.
[5] https://www.quechoisir.org/comparatif-observatoire-des-pesticides-n98916/
[6] https://www.quechoisir.org/decryptage-pesticides-les-residus-a-risque-les-plus-frequemment-detectes-n99136/#fludioxonil
[7] https://www.quechoisir.org/decryptage-pesticides-les-residus-a-risque-les-plus-frequemment-detectes-n99136/#phosmet